Nous avons tous déjà entendu qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses, qu’il faut savoir se contrôler, et ne pas être dans les extrêmes. Avec le temps, nous sommes nombreux à intégrer ces principes et vivons dans un équilibre moyen, tiède, jamais bouillant ni froid. Et si ce n’était pas la bonne approche ? Et si le secret d’une vie bien vécue, se trouvait dans les extrêmes ? Et si rester dans ce qui est tiède voulait dire, se laisser vivre, alors qu’aller dans les extrêmes, voudrait dire, vivre. Sois excessif.

Nos errances

Les excès sont ce qui nous rend humains, ce sont nos errances. Gérard Depardieu l’explique très bien dans ses livres : « Je me méfis des gens qui ne font jamais d’excès, qui ne sont jamais sauvages un temps. Je trouve ça suspect. Sans excès on est souvent mort sans le savoir. Il faut être abondant, excessif, quitte à parfois se tromper. Se laisse aller à nos imprudences. J’aime cette violence de l’excès qui est souvent positive, qui nous lave de nos saloperies, qui engendre l’énergie. Cette espèce de sauvagerie, c’est ce qui est beau quand on vit à fond un amour, des aventures, des troubles de l’âme. On se met en danger, on se confronte à tout ce qui, en nous, nous fait peur. »

Se laisser aller à nos excès,, être excessif, c’est aussi s’ouvrir aux autres en partageant nos vulnérabilités, nos peurs, nos fragilités, nos défauts, notre ridicule. Il faut un grand cœur et du courage, du courage qui ne peut partir que du cœur, pour assumer et oser faire cela.

« On doit oser enfreindre et s’enfreindre mais les gens n’osent pas. Il faut laisser sortir ses monstres , si on ne veut pas que ce soient eux qui nous bouffent. » Gérard Depardieu

Le courage d’être excessif

Il faut être courageux pour oser aller dans les excès et c’est ce courage d’aller dans les excès qui permet de vivre, et non de se laisser vivre. Le courage est un désir puissant de vivre tout en étant prêt à mourir. « Celui qui est prêt à perdre sa vie, la sauvera ». Sans prendre ce risque, nous ne pouvons pas vivre.

Prendre le risque

C’est le saut de Batman lorsqu’il est dans le puit ; seulement lorsqu’il ne s’attache pas et est prêt à mourir, il réussit le saut. La chèvre de Mr Seguin meurt car son maître craignait qu’elle se face manger par le loup et a donc décidé de l’attacher pour la protéger. Lorsque je fais de l’escrime en compétition, c’est justement lorsque je n’ai pas le courage de prendre le risque de perdre le point, que je le perds. Prendre le risque de perdre pour gagner. Lorsque nous ne nous donnons pas à fond, nous avons d’ores et déjà échoué. Bien entendu, nous prenons un risque, le risque de ne pas être à la hauteur, le risque d’échouer, mais ce risque est un prérequis pour réussir, pour vivre.

Le soldat

K. Chesterton, a British writer and philosopher, nous disait qu’un soldat entouré d’ennemis, s’il veut se frayer un chemin, doit combiner un fort désir de vivre avec une étrange insouciance à l’égard de la mort. Il ne doit pas simplement s’accrocher à la vie, car alors il deviendra un lâche et ne s’échappera pas. Il ne doit pas simplement attendre la mort, car alors il se suicidera et ne s’échappera pas. Le soldat doit chercher sa vie dans un esprit d’indifférence furieuse à son égard ; il doit désirer la vie comme l’eau et pourtant boire la mort comme le vin. C’est la différence entre celui qui meurt pour vivre et celui qui meurt pour mourir.

La rencontre

La même chose est vraie lorsque nous rencontrons un/une inconnue, nous devons parler à la personne en donnant notre maximum, en donnant le meilleur de nous-mêmes. Si nous allons parler à un/une inconnue, le corps à moitié tourné pour partir, le regard bas, sans désir ni conviction, il n’est pas surprenant que la connexion ne se fasse pas.

Le courage de se donner au maximum

Nous sommes donc voués à échouer si nous ne nous donnons pas au maximum. Bien sûr, c’est un risque à prendre car nous risquons d’être rejeté et de ne pas avoir l’excuse du « je n’étais pas à fond » mais c’est aussi faire preuve de courage, ce qui est le prérequis pour que cela fonctionne.

L’imprévu

Ce n’est que lorsque nous donnons notre maximum, que nous allons dans les excès, que nous pouvons vraiment apprendre, développer notre résilience, et découvrir la personne que nous sommes réellement car nous sortons de notre confort habituel. Pour progresser vraiment dans un domaine, nous devons avoir le courage d’y être engagé au maximum, concentré, en ayant toute notre attention tournée vers cette action. C’est nécessaire pour engager notre neuroplasticité et donc développer la compétence.

Être bouillant ou froid, être excessif

Si nous faisons chaque chose à moitié, nous ne progressons pas. Maître Yoda nous disait qu’il vaut mieux le faire ou ne pas le faire, mais de ne pas être dans un entre deux tiède. Le Christ nous appelle à l’ excès de manière originale « Ainsi parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirais à la bouche (Apocalypse 3:16) ». Le jugement sera plus dur pour celui qui ne fait rien. Il vaut mieux agir, prendre le risque de se tromper que de rester assis à ne rien faire. Dans l’évangile, lorsqu’un servant reçoit de l’argent et décide de le cacher au lieu de le faire fructifier, il se fait bannir. Les autres, ayant décidé de prendre le risque de le faire fructifier sont récompensés.

Ainsi, nous devons oser prendre des risques, et si nous remarquons avoir pris fausse route, ajuster notre vision, nous confesser et nous repentir sincèrement, de tous notre cœur, âme, force, et esprit. Nous ratons tous un tas de choses mais c’est là que se trouvent les plus belles aventures. Nous devons aller partout, quitte à se tromper.

L’imprévu

Les excès nous emmènent vers ce qui est imprévu, vers ce qui est ailleurs, vers ce qu’on ignore de soi. C’est la vie. Ce n’est que dans les extrêmes que l’imprévu fait surface et nous fait vivre. On est souvent sourd à cet imprévu, il nous dérange, nous déstabilise, nous fait peur et nous ne lui faisons pas confiance. On préfère savoir, prévoir, organiser et finissons cachés derrière nos certitudes, notre quotidien et nos routines. Tous nos jours finissent par se ressembler. Ce n’est pas là que se trouve la vie, la vérité. Elle se trouve dans nos souterrains et elle jaillit d’un coup dans chacune de nos émotions, il faut juste se laisser être libre.

Notre vérité se trouve dans l’excès

William Blake, poète et peintre anglais, nous disait « The road of excess leads to the palace of wisdom”, entre autres que le chemin de l’excès amène au palais de la sagesse. Les excès nous permettent de connaitre nos limites, car on ne peut les connaitre que lorsque nous les dépassons. Ces excès nous permettent de devenir qui nous sommes réellement appelés à devenir, car les excès vont ouvrir notre épigénétique qui va ainsi activer l’expression de nouveaux gènes. Vouloir vivre dans l’excès nous ouvre culturellement, socialement, intellectuellement car nous développons une connaissance profonde de chaque sujet. Au lieu d’être moyen partout, nous décidons d’ouvrir grand les vannes, ce qui est peut-être la seule façon de trouver sa vérité, ou au moins une vérité qui nous ressemble. Nous laissons sortir chaque chose qui est en nous et qu’on ne peut pas contrôler, nous prenons le risque d’échouer.

L’équilibre réel pour être excessif

Le réel équilibre de la vie ne se trouve pas dans la modération, mais dans le choc de deux extrêmes l’un contre l’autre, s’équilibrant parfaitement. Au lieu de diluer chaque chose pour obtenir quelque chose de tiède, il vaut mieux les séparer et de les exagérer.

La dilution

L’équilibre, c’est le bouclier de St Georges ayant deux couleurs distinctes, le blanc et le rouge, et non une dilution de ces deux couleurs. Être une dilution de deux choses veut aussi dire qu’aucune n’est présente avec toute sa force, chacune perdant en puissance. Ce qui est dilué ne fait pas lever les yeux au ciel, ne crée pas de merveilles. La beauté provient des excès, excès d’amour, de passion, de désir, de vie.

Le christianisme

Le christianisme combine des opposés furieux en les gardant tous les deux et en les rendant encore plus furieux. La vertu se trouve dans les conflits, dans la collision de deux passions semblant être opposées. Cela comprend de nombreux paradoxes: devoir tendre l’autre joue, tout en prenant l’épée pour se battre ; soutenir le mariage et la famille, tout en promouvant le célibat ; de diviser le criminel du crime en soutenant le pardon du criminel, mais l’absence de tolérance pour le crime. Prendre les idées et les pousser à l’extrême permet de laisser chaque passion libre. Il y a de la place pour que la colère et l’amour se déchainent.

Être à la fois lion et agneau.

Être à la fois lion et agneau, monstre et innocent. Nous devons être miséricordieux tout en étant sévère, car personne ne veut ni ne peut être pardonné d’un gros péché comme si c’était un petit. C’est l’histoire de Caïn et Abel, dans laquelle Caïn n’est pas directement puni d’avoir assassiné son frère Abel, et nous dit « Ma punition est plus lourde que je ne peux la supporter ». De même, dans le livre « Crime et châtiment » dans lequel le personnage principal a besoin d’une punition sévère par les hommes pour pouvoir se pardonner à lui-même de ce qu’il a fait.

sois excessif

Les excès permettent de vivre et de ne pas se laisser vivre. Sois excessif.

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2 Réponses

  1. L’excès va au-delà de la nature ; dépasse la normalité et épuise corps et esprit ; il est mieux d’aller dans l’extrême et d’en revenir toujours plus fort et plus sage ; car au bout du tout on touche un but et on en revient plus fort

  2. Jacques Brel disait : “Il faut se tromper, il faut être imprudent, il faut être fou. […] Être figé est une erreur colossale. Il faut arriver, par discipline, à n’avoir que des tentations relativement nobles, et à ce moment-là il est urgent d’y succomber, même si c’est dangereux, même si c’est impossible, surtout si c’est impossible»

    Entre la modération et la démesure l’humain déploie ses désirs, ses envies et ses quêtes dans le monde qui l’entoure et cherche sans fin ou parfois en vain à bâtir ce château indestructible qui sera le lieu de sa force : le château de l’âme ; Il y aura des étapes, des victoires et des renoncements…
    Oui chevaucher le cheval de l’imprudence ! Oui à tenter l’impossible !

    “« Voici ce qui s’est présenté à mon esprit. J’en ferai le fondement de ce que je vais dire. Nous pouvons considérer notre âme comme un château, fait d’un seul diamant ou d’un cristal parfaitement limpide, et dans lequel il y a beaucoup d’appartements, comme dans le ciel il y a bien des demeures ” Thérèse d’Avila

    Etre pondéré, mesurer ses actions et modérer ses émotions, être tempéré c’est chercher à instaurer un équilibre qui se lie à la simplicité et à la sobriété ; vivre sobrement et simplement ne veut pas dire ne pas se faire plaisir, ne pas profiter par moment et ne pas jouir de la beauté et de l’ivresse ; cela veut plutôt dire être dans le coeur de sa vie, au centre de son âme et se délecter en ayant une dimension plus vaste de son ressenti ; en étant au plus extrême de sa mesure.
    Oui, visiter les demeures de son âme et acquérir les vertus et la sagesse !
    Oui à l’ivresse de vivre !

    «Il faut éviter de vivre comme un infirme. […] Ce qui compte, c’est l’intensité d’une vie, c’est pas la durée d’une vie. Le temps de vie qu’on a doit être extrêmement intense, sans quoi c’est la grisaille, c’est l’ennui.» Jacques Brel

    Le débordement et le laisser aller engendrent souvent un dégoût ou une lassitude, l’intempérance abîme le corps et use l’esprit ; la perte du sens d’une normalité n’est pas synonyme de grandeur ou de force car en se débridant totalement on bride sa santé physique et psychique. L’abus quel qu’il soit n’est jamais bon, l’exagération mène à l’insensé.
    Ce qui donne sens à l’excès c’est d’aller au bout d’une folie, comme à l’extrême et d’en revenir aguerri. Etre fou comme l’écrit Brel, fou, de ce que l’on vit, fou de tout et en revenir.
    Oui à l’intensité !

    Entre démesure et modération choisir peut-être le juste milieu mais est ce être fou ? Etre intense ? Est ce aller au plus profond de son âme ?
    Ou bien choisir d’aller de la démesure à la modération, de la modération à la démesure avec des moments d’équilibre et de stabilité, de ressourcement et de sérénité en un jeu subtil de ces Forces qui animent nos vies ?
    C’est certainement alors selon la sagesse ou la philosophie de vie de chacun. Ou selon son grain de folie, son grain d’intensité.

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