Les opioïdes, longtemps considérés comme des médicaments puissants et indispensables pour gérer la douleur, semblent perdre de leur prestige face à de nouvelles études. Ces dernières montrent que, pour de nombreux types de douleurs, ils ne sont pas plus efficaces qu’un simple placebo ou qu’un antidouleur comme le paracétamol.

Croyances Erronées sur les Opioïdes

De nombreuses croyances persistent au sujet des opioïdes. En voici quelques-unes :

• Les opioïdes sont seuls  médicaments très puissants pour soulager la douleur.
• Ils surpassent les effets des placebos.
• Ils sont particulièrement efficaces pour traiter les douleurs aiguës.
• Des traitements courts aux opioïdes n’entraînent pas de risques à long terme, comme une dépendance.

Pourtant, la réalité s’avère bien différente.

Que disent les études ?

Il existe peu de preuves que les opioïdes surpassent systématiquement d’autres traitements non opioïdes, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Des essais randomisés montrent qu’ils n’offrent aucun avantage par rapport aux AINS pour plusieurs types de douleurs aiguës. Par ailleurs, chaque prescription d’opioïdes est associée à un risque significatif de consommation à long terme ou de troubles liés à leur usage.

Un exemple frappant est l’Oxycontin, approuvé en 1995 et vendu comme étant non addictif grâce à une « nouvelle formule ». Cette campagne a contribué à la crise actuelle des opioïdes en Amérique du Nord.

Les opioïdes face aux douleurs courantes

Les opioïdes n’apportent pas davantage de soulagement qu’un paracétamol, un ibuprofène ou même un placebo pour des douleurs telles que :

• La douleur aiguë des extrémités
• La douleur aiguë lombaire
• La douleur lombaire chronique (sur un an)
• Les calculs urétéraux

Un aspect intéressant est que l’effet des opioïdes est souvent amplifié par les croyances du médecin et du patient. Lorsque ni l’un ni l’autre ne sait quel traitement est administré, l’effet des opioïdes diminue considérablement. Pire encore, sur le long terme, certains essais ont montré que les opioïdes avaient un effet inférieur à celui du placebo, tant pour l’intensité de la douleur perçue que pour la douleur chronique.

Les risques des opioïdes

Il est important de noter que les opioïdes peuvent également avoir des effets secondaires négatifs chez certains patients. Malheureusement, nous ne sommes pas encore capables de prévoir ces risques, ce qui oblige les médecins à essayer et à voir l’effet du traitement.

En outre, la croyance selon laquelle réduire la douleur aiguë prévient la douleur chronique n’est pas fondée.

Une solution malgré tout ?

Bien que ces découvertes puissent paraître alarmantes, cela ne signifie pas que les opioïdes ne doivent jamais être utilisés. Ils restent un outil efficace pour traiter la douleur aiguë et chronique. Cependant, comme beaucoup de traitements, ils comportent des effets secondaires. Il est donc crucial que chaque patient soit informé des risques et des bénéfices avant d’accepter un traitement aux opioïdes.

Chronique Pain

Effect on postoperative pain (doi: 10.1007/s00228-024-03688-4)

Placebo – expectations from patients and doctor

On ne peut pas encore prédire si cela va être efficace ou avoir des effets négatifs…

DOI: 10.1056/NEJMp1914257

Ces informations proviennent d’une présentation du Prof. S. Leknes, Université d’Oslo, Norvège, lors de l’ECNP 2024 à Milan.

• Douleur aiguë des extrémités : Chang et al., 2017, JAMA ; Bijur et al., 2021, American Journal of Emergency Medicine.
• Douleur chronique : Krebs et al., 2018, JAMA.
• Douleur lombaire aiguë : Suivi à 1 semaine, Friedman et al., 2015, JAMA ; traitement à l’oxycodone pendant 12 semaines ; suivi à 1 an, Jones et al., 2023, Lancet.
• Calculs urétéraux : Pathan et al., 2016, JAMA.

Je t’invite à me suivre pour recevoir d’autres articles et vidéos sur la thèse :

• La chaîne Telegram des Vaillants Doctorants

Et n’oublie pas, nous sommes de vaillants doctorants prêts à se donner les moyens de réussir notre thèse !

À cœur vaillant, rien d’impossible !

Cyprien